Nos rédacteurs ont remarqué un article sur le web dont la thématique est «la justice».
Le titre séduisant (la justice au temps de la réparation) condense tout l’éditorial.
Sachez que l’éditorialiste (identifié sous la signature d’anonymat
) est connu et fiable.
Il n’y a aucune raison de ne pas croire du sérieux de ces informations.
La date d’édition est 2022-12-08 23:30:00.
Voici ll’article :
V13, trois signes qui résument l’indicible : les crimes que furent les attentats du 13 novembre 2015, et le procès qu’ils désignent. Cent trente et un morts, des centaines de blessés, des milliers de victimes. « Fin juillet, on a appris que le procès ne durerait pas six mois, mais neuf. Une année scolaire, une grossesse. Son programme ne change pas. Ce qui change, c’est le temps dévolu aux victimes », note Emmanuel Carrère le jour de son ouverture. Dans son recueil de chroniques V13 (P.O.L, 368 pages, 22 euros), l’écrivain remarque : « On alloue, en moyenne, une demi-heure à chacune – mais qui osera dire “votre temps de parole est écoulé” à quelqu’un qui cherchera ses mots pour raconter l’enfer du Bataclan ? »
Ce V comme vendredi est aussi le V de victimes : trois cent cinquante d’entre elles ont témoigné durant le procès. Qui n’est pas uniquement historique pour le drame qu’il juge, aux yeux de la politiste Sandrine Lefranc. « Alors que la justice pénale ne s’intéresse pas aux victimes, V13 a marqué leur consécration : une autre conception de la réparation par la parole s’est jouée », explique cette directrice de recherche au CNRS, qui travaille sur les procès des attentats de Paris et de Nice. En l’absence des principaux terroristes, morts, cette voix a marqué les audiences : « Durant V13, les victimes sont venues à la barre pour raconter, ou montrer des photos de proches. La justice pénale française a soudain fait place au récit de la souffrance : ce dispositif est extraordinairement proche des commissions vérité et réconciliation. »
Commissions vérité et réconciliation : le nom convoque évidemment l’Afrique du Sud. Sous la présidence de l’archevêque anglican et Prix Nobel de la paix Desmond Tutu, ce dispositif de témoignage des victimes en public s’est tenu entre 1995 et 1998 pour tenter d’exorciser les décennies de ségrégation raciale sous la politique d’apartheid. Mais l’initiative ne se résume pas à son exemple le plus célèbre. Du Pérou au Timor oriental, du Maroc au Brésil, une cinquantaine de commissions vérité se sont tenues. Cet engouement mondial saisit par sa temporalité : ces commissions ont toutes eu lieu depuis les années 1980. Cette convergence signale, pour Sandrine Lefranc, un mouvement de fond vers « un processus de justice dont la réparation devient le maître-mot ».
Le traumatisme a « envahi l’espace moral »
Dans cette inflation se glisseraient les signes d’une mutation. Peut-être même d’une rupture, diagnostique le philosophe Johann Michel : « Depuis une trentaine d’années, on observe une demande de réparation sans précédent dans l’histoire. » Essor des dispositifs pour clore des dictatures et des exactions de masse, mondialisation des procédures visant à faire dialoguer victime et coupable, inflation des politiques mémorielles… Depuis la fin du XXe siècle, un bouleversement historique s’opère. « Ce n’est plus le temps de la rédemption ou de l’émancipation qui marquait encore l’historicité des Modernes pour laquelle le sacrifice des victimes pouvait encore se justifier », constate Johann Michel dans Le Réparable et l’Irréparable. L’humain au temps du vulnérable (Hermann, 2021). « Ecrite depuis toujours par les vainqueurs, l’histoire demande désormais à être jugée par les vaincus d’hier et les présumées victimes d’aujourd’hui », poursuit le professeur à l’université de Poitiers et chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, à Paris.
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A lire:
Étude historique sur l’organisation de la justice dans l’antiquité et les temps modernes/01,(la couverture) .
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