Je vous propose un tout nouvel encart qui va s’adjoindre à notre revue de presse sur « la justice ».

Le titre (l’avocat de Grande Paroisse publie un livre qui dénonce « un scandale judiciaire ») est évocateur.

Identifié sous le nom «d’anonymat
», l’éditorialiste est connu et fiable.

Vous pouvez ainsi faire confiance aux infos qu’il diffuse.

L’article mentionné :

Daniel Soulez Larivière, avocat de Grande Paroisse (filiale de Total) et de l’ex-directeur de l’usine AZF, publie ce jeudi 15 septembre un livre sur le procès de l’explosion, Anatomie d’un fiasco judiciaire ; publication alors que l’industriel et Serge Biechlin ont été définitivement condamnés et reconnus coupables de l’explosion en 2019. Le drame avait coûté la vie à 31 personnes le 21 septembre 2001. L’ex-directeur a été condamné à quinze mois de prison avec sursis pour « homicide involontaire ».

Maître Soulez Larivière dénonce une erreur judicaire. Il était l’invité de la matinale de France Bleu Occitanie ce jeudi matin.

Pourquoi et pour qui écrivez vous ce livre qui dénonce, on va en parler, une erreur judiciaire dans le procès AZF ?

Parce que c’est mon 15e livre et que j’ai écrit, passé toute ma vie professionnelle à écrire sur les sujets judiciaires. Là, il s’avère que c’est la plus grosse catastrophe survenue en France depuis la guerre. Donc une affaire qui a duré 20 ans, qui a occupé beaucoup l’esprit des victimes, des prévenus et puis des avocats. Et donc je me suis dit à la fin de tout ça, après y avoir bien réfléchi et pris trois ans pour le faire, que c’était souhaitable. Mon premier et ma première affaire, ça a commencé par un livre qui était écrit par Gilles Perrault il y a plus de 50 ans. Il s’appelait L’erreur. Et là, maintenant, je termine probablement ma carrière avec un livre qui concerne une autre erreur, à mon avis, qui est celle-là. 

Il y a a eu trois procès. Grande Paroisse, ainsi que l’ancien directeur du site, Serge Biechlin, que vous avez défendu, a été reconnu coupable d’homicide involontaire et condamné à quinze mois de prison avec sursis. Pourquoi remettre encore une fois en cause la crédibilité et le sérieux de la justice ?

Pourquoi remettre en cause la relaxe du tribunal ? Moi, c’est plutôt la question que je pose. Dans cette affaire, il n’y a pas de preuves. C’est ce que j’avais dit un jour à la surprise générale. C’est un dossier dans lequel il y a la preuve de rien du tout. Et ça, c’était la position de la défense depuis le début après avoir bien analysé les choses ; et ça a finalement été celle du tribunal qui, dans une démocratie, ne peut pas condamner sans preuves. Et un très beau attendu est ainsi rédigé, que je n’ai jamais vu écrit nulle part. Le droit pénal est un droit qui s’applique strictement et ceci est un des piliers de la démocratie. Moi je suis d’accord, mais pas d’accord avec ce qui s’est passé après.

Donc vous ne reconnaissez pas, et toujours pas, l’accident industriel ?

Ce n’est pas une question de reconnaître ou ne pas reconnaître. Il n’y a pas de preuves. Donc je ne peux pas dire que c’est ça. Le tribunal a eu une très jolie formule aussi, très simple. Il a dit : ‘il est possible que ce soit un attentat, mais il n’y a pas de preuves’. Et il est probable que ce soit un accident. Mais il n’y a pas de preuves non plus.

Il y a eu des condamnations. Et Patrick Pouyanné, le PDG de Total Énergies, a lui-même reconnu dans une interview, il y a quelques mois, la responsabilité de son entreprise.

Oui mais ça, c’est autre chose. Il a reconnu bien sûr le droit, c’est-à-dire que l’ancien article 1384 du Code civil, qui a changé de numéro, consiste à dire : tout fait de l’homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer. Alors là, en l’espèce, il y a une usine qui appartient à Grande Paroisse, qui elle-même est filiale de Total. Il y a un accident. Le fait des choses, c’est automatique. Ce n’est pas une question de responsabilité.

Mais vous parlez dans votre livre de « fonctionnements très mauvais », « d’expertises minables ». Sur quoi précisément, selon vous, l’enquête a été bâclée ?

Je pense que c’est parce que, à l’origine, il y a eu une mauvaise orientation. Au lieu de laisser les gens travailler, on a suivi un peu un encouragement politique légitime. Jacques Chirac et Lionel Jospin n’ont pas été favorables à quoi que ce soit. Ils ont dit simplement, Jospin très précisément : ‘c’est un accident ou peut-être autre chose’. 

Et le procureur de la République a dit trois jours après qu’il y avait 90% de chance que l’explosion soit un accident.

Voilà 90, 99 %. Et c’est ça qui a mis par terre à mon avis l’enquête, parce que ça l’a orienté tout de suite vers un but. Et les enquêtes c’est pas fait pour trouver des buts, pour atteindre des buts. C’est fait pour atteindre un but qui est celui de la vérité. Et quand y en a pas, y en a pas.

Donc vous restez persuadé que la piste terroriste a été écartée beaucoup trop vite ?

C’est clair, ce n’est pas forcément la bonne piste. Comme dit le tribunal, elle est possible. Elle a été écartée le 15 octobre. C’était fini. Et puis, si vous voulez, quand on fait des perquisitions chez quelqu’un qui est suspect, peut-être à tort, quand on fait des perquisitions chez lui sept jours après le sinistre, il ne faut pas se moquer du monde, ça sert à rien. Évidemment, on n’a rien trouvé du tout. On n’a pas fait d’enquête sur ces fadettes, on n’a pas fait d’enquête sur le coup de téléphone long qu’il a donné la veille. On n’a pas fait le boulot.

J’essaie de comprendre la volonté dans votre écrit. Est-ce que votre client, Serge Biechlin, l’ex-directeur du site qui a été reconnu coupable, vous a encouragé à écrire ce livre ?

Non, personne ne m’a encouragé à faire ce livre. C’est moi qui l’ai proposé à Serge Biechlin qui a dit qu’il était tout à fait d’accord. Voilà.

Est-ce que vous ne craignez pas que ce livre ravive la douleur des victimes et de leurs proches ?

Je ne pense pas, parce que ce que j’ai constaté des victimes dans cette affaire, victimes nombreuses puisqu’on a eu 31 morts et près de 3.000 blessés, ce que j’ai constaté, c’est que ces personnes étaient d’une très grande dignité. Et quand la relaxe a été prononcée devant le tribunal, personne n’a bronché. Personne n’a fait de commentaires.

« Le gros des victimes que j’ai pu rencontrer physiquement ne m’ont jamais montré autre chose qu’une dignité parfaite et un respect parfait qui est réciproque. »

Mais, aujourd’hui, je parle de votre livre. Pauline Miranda de l’Association des sinistrés du 21 septembre dit que c’est à chaque fois une souffrance d’entendre la décision de justice contestée. Or, c’est ce que vous faites dans ce livre ?

Moi, je fais mon métier et j’écris ce que je dois écrire. Les autres pensent ce qu’ils veulent. Mais en tout cas, le gros des victimes que j’ai pu rencontrer physiquement ne m’ont jamais montré autre chose qu’une dignité parfaite et un respect parfait qui est réciproque.

Donc, vous considérez, et ce sera le mot de la fin, que vous servez la société avec ce livre plutôt que de semer une nouvelle fois le trouble dans l’opinion publique ?

Non. J’explique simplement quelque chose d’important, et j’explique une affaire qui est très importante, le plus important sinistre industriel depuis la guerre. Et je dis qu’on ne peut pas laisser les choses en l’état sur un raisonnement qui a été, par exemple, celui de la cour d’appel. Il y a eu une explosion, il fallait du chlore. Bon, on n’en a pas trouvé. On pourrait s’arrêter là. Oui, mais on pouvait pas en trouver. Si on ne pouvait pas en trouver, c’est qu’il pouvait y en avoir. Et on va vous démontrer qu’il y en avait. C’est des raisonnement qui sont inacceptables.

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Photographie/Personnalités/M/Félix-Jacques Antoine Moulin,A voir et à lire. . Disponible sur internet.