J’ai mentionné l’affaire pendante C-339/22 BSH Hausgeräte v Aktiebolaget Electrolux hier à notre excellent (si je le dis moi-même) Max Planck Institute – EAPIL – KU Leuven ateliers sur Bruxelles Ia réforme. Les questions renvoyées sont

L’article 24, paragraphe 4, est-il [BIA] être interprétée en ce sens que l’expression «procédures relatives à l’enregistrement ou à la validité d’un brevet[…]que la question soit soulevée par voie d’action ou en défense», implique qu’une juridiction nationale qui, en vertu de l’article 4, paragraphe 1 ) dudit règlement, s’est déclarée compétente pour connaître d’un litige en contrefaçon de brevet, n’est plus compétente pour connaître de la question de la contrefaçon en cas d’exception tirée de la nullité du brevet en cause ou si la disposition doit être interprétée comme signifiant que le juge national n’est compétent que pour connaître de l’exception d’invalidité?

La réponse à la question 1 est-elle affectée par la question de savoir si le droit national contient des dispositions similaires à celles prévues à l’article 61, deuxième alinéa, du [Swedish] Loi sur les brevets, ce qui signifie que, pour qu’une exception de nullité soulevée dans une affaire de contrefaçon soit entendue, le défendeur doit introduire une action distincte en nullité ?

L’article 24, paragraphe 4, est-il [BIa] être interprété comme étant applicable à un tribunal d’un pays tiers, c’est-à-dire, en l’espèce, comme conférant également une compétence exclusive à un tribunal de Turquie pour la partie du brevet européen qui y a été validée ?

BSH détient un brevet européen relatif à un aspirateur. Le brevet a été validé en Autriche, en Allemagne, en Espagne, en France, au Royaume-Uni, en Grèce, en Italie, aux Pays-Bas, en Suède et en Turquie. Electrolux of Sweden possède des filiales dans un certain nombre d’autres États membres, comme l’Allemagne. Un certain nombre de litiges sont survenus entre BSH et des sociétés du groupe Electrolux concernant le brevet en question. Entre autres, le brevet européen validé en Allemagne a été invalidé en 2020 par un tribunal allemand à la demande d’une filiale d’Electrolux. Ce jugement a fait l’objet d’un appel.

Le 3 février 2020, BSH a intenté une action contre Electrolux devant le Tribunal des brevets et du marché en Suède et a notamment demandé qu’Electrolux se voie interdire d’utiliser l’invention brevetée dans tous les États susmentionnés et soit condamnée à verser une indemnité raisonnable pour l’utilisation illicite. BSH a également réclamé une indemnisation pour le préjudice supplémentaire causé par la prétendue contrefaçon de brevet d’Electrolux. Electrolux a fait valoir que le Tribunal devait rejeter l’action en ce qui concerne les parties étrangères des brevets. Selon elle, les brevets étrangers ne sont pas valides et le tribunal suédois n’est donc pas compétent pour connaître des actions en contrefaçon concernant ces brevets.

Fin décembre 2020, le tribunal a accepté, citant A24(4) à savoir les brevets de l’UE (la demande étant délivrée avant le jour de la mise en œuvre du Brexit, cela inclut le Royaume-Uni) et « un principe de compétence internationalement accepté » (en substance, la règle Moçambique) à savoir le brevet turc.

BSH fait bien sûr appel.

A a demandé aux étudiants des examens de rattrapage d’août comment ils pensaient que la CJUE devrait répondre. Sur Q1, je m’attendrais à ce qu’ils citent la nécessité d’interpréter A24 de manière restrictive, en faisant référence à un ou deux cas confirmant la même chose (il y en a beaucoup); et l’absence de solution dans le Brussels Recast. Contrairement à ce que soutient Electrolux, une proposition visant à permettre à un tribunal de simplement suspendre l’affaire en attendant la décision du tribunal étranger sur la validité, qui n’a jamais été rejetée. Une telle proposition n’a jamais été faite. La BIa a simplement confirmé la décision de la CJUE Gat contre Luk selon laquelle la compétence exclusive entre en jeu, que l’argument d’invalidité soit introduit en tant que demande ou en défense.

Sur Q2, je voudrais qu’ils discutent de l’effet que le CPR national ne doit pas enfreindre l’effet utile de la BIa. (Seulement) si les règles suédoises ont pour effet d’obliger le défendeur à engager des actions en nullité de DPI dans tous les États concernés, ou à perdre la possibilité d’une défense en nullité, cela irait à mon avis à l’encontre de l’intention et de la portée de BIa.

Enfin, sur la 3e Q, ils devraient aborder le manque de clarification de la BIa sur l’effet réflexif, autre que dans les limites strictes de A33-34 et de ses considérants connexes. La jurisprudence pertinente comprend bien sûr Ferrexpo et Central Santa Lucia LC contre Meliá Hotels International SA. Les lecteurs intéressés peuvent consulter l’excellent article d’Alexander Layton KC sur le même sujet.

Geert.