A connaître ce papier : L’histoire d’amour entre la conductrice de bus et un passager se finit au tribunal correctionnel de Saint-Nazaire

C’est en prenant régulièrement le bus que cet homme de 50 ans aujourd’hui a connu celle qui sera sa compagne pendant trois ans et demi, en l’occurrence la conductrice. Âgée de 62 ans, elle est retraitée depuis le 1^er janvier.

 » Un de vous deux ment « 

Durant leur relation, ils ont gardé chacun leur domicile, cela n’a pas empêché les altercations, les séparations et les retrouvailles.

Définitivement séparés, ils se sont retrouvés, vendredi 24 mars 2023, de chaque côté de la barre du tribunal correctionnel de Saint-Nazaire, à la fois prévenus et parties civiles. 

La sexagénaire a le verbe haut :

« Quand il me frappe, je le frappe, pour moi, c’est normal. »

Son ex n’est pas d’accord : « Je ne l’ai jamais frappée ».  Il reconnaît « l’avoir poussée, traitée de salope ».

Il y en a « un de vous deux qui ment », tance la présidente qui ose : « Avez-vous encore des contacts ? » « Surtout pas », lance la néo-retraitée. 

Des faits précis sont alors examinés : 11, 20 juillet 2020 et 3 décembre 2021. M^e Linda Fregona, avocate du quinquagénaire, explique que le 11 juillet, chez elle, alors qu’ils sont alcoolisés, « Madame devient incontrôlable et lui casse une planche à découper sur la tête ».

Morsures aux poignets

L’homme se rend à l’hôpital pour un coup de couteau. Pourquoi n’a-t-il pas porté plainte ? Parce qu’un homme a honte de dire « qu’il est victime de violences conjugales ».

Dix jours plus tard, la prévenue s’est présentée à la police comme victime. Le médecin a constaté des hématomes. Toutefois, il a estimé « qu’ils dataient d’une semaine ». 

L’avocate mentionne que jamais les filles de Madame n’ont entendu parler de violences dans le couple avant la garde à vue de leur mère. En revanche, une cousine dit l’avoir aidée à enlever des taches de sang sur ses vêtements.

« Légitime défense »

M^e Fregona poursuit : « Le 3 décembre 2021, elle est chez lui lorsqu’il reçoit un message. Alcoolisée, énervée, elle prend son téléphone, le mord aux poignets, casse tout dans l’appartement puis dans la chambre… » Pour elle, pas de doute, « il n’y a qu’une seule victime : monsieur ». Elle plaide la relaxe de son client.

M^e Fathi Benbrahim défend celle à qui la présidente a demandé déjà trois fois depuis le début du procès de « respecter le tribunal ».

L’avocat martèle : 

« Cette femme est honnête, elle vous dit :  »Il m’a agressée, je me suis défendue ». »

Il estime qu’il y a chez Monsieur une forme de mépris. Il plaide la relaxe de sa cliente qui se trouvait « en légitime défense », concluant : « Elle l’a aimé, elle n’aurait pas dû ».

Détail d’importance par les temps qui courent : « Cette femme voulait travailler jusqu’à 65 ans, elle a dû interrompre son travail du fait d’une dépression et d’un traitement, avant d’être à la retraite ». 

Prison avec sursis

Après avoir décortiqué les éléments du dossier, la procureure a requis une première condamnation au casier de chaque prévenu : quatre mois de prison avec sursis pour lui, le double pour elle. Le tribunal a prononcé une peine avec sursis de trois mois pour monsieur et de quatre pour madame. 

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.